Mystique, arts plastiques et performatif
« Expériences mystiques : énonciations, représentations et réécritures ».
Flore Garcin-Marrou (Université Toulouse Jean Jaurès / LLACREATIS, ACTE-EsPAS Paris I/CNRS)
Le corps mystique du comédien (Théâtre et performance aux XXème et XXIème siècles)
Quels sont le corps et la présence de celui ou celle qui fait une expérience mystique sur une scène de théâtre ? Nous questionnerons le possible parallèle entre les récits et méthodes d’oraison de Thérèse d’Avila, de Jean de la Croix et d’Ignace de Loyola et les méthodes de training d’acteurs, qui tout au long du XXème siècle, ont consisté à disposer le corps de l’acteur d’une certaine manière, à favoriser un état singulier afin que l’acte théâtral d’une certaine qualité ait lieu. Comment le corps reçoit-il l’expérience mystique et comment la dramatise-t-il ? Comment le comédien peut-il être l’agent d’un processus d’oraison ou d’incarnation/désincarnation ?
Lydie Parisse (Université de Toulouse 2 Jean Jaurès)
Théâtres de la voie négative
Il est pertinent d’invoquer le paradigme de « voie négative » au théâtre, non seulement parce qu’il a donné lieu à des théorisations de la pratique théâtrale et du jeu d’acteur (notamment depuis J. Grotowski), mais aussi parce qu’il évoque, pour les gens du milieu théâtral, qu’ils soient théoriciens ou praticiens, une époque et un horizon dans la conception du théâtre comme exercice d’un art. Ensuite, la question sera à la fois anthropologique et esthétique. Quels types d’expériences, quels types d’expérimentations cette manière de «faire» du théâtrerecoupe-t-elle ? Tout comme la théologie apophatique est une méthode qui définit un certain type de relation au réel et à l’absence, le théâtre est sans doute un lieu où se pose de manière cruciale la question de notre relation à la présence et à l’absence.
Grégory Jouanneau-Damance (Universités de Paris Ouest / Paris-Vincennes-Saint-Denis)
Se dépouiller du « vieil homme ». L’Art informel et la tradition mystique (1945-1970)
Lorsque le mouvement de l’Art Informel se développe à Paris, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, celui-ci est immédiatement interprété comme l’expression d’un vide métaphysique, conséquence de la mort de Dieu proclamée par Nietzsche dans le troisième livre du Gai Savoir. Or, nous nous efforcerons de démontrer que ces créations ne sont en rien empruntes de nihilisme, mais se veulent à l’inverse le reflet d’une expérience mystique. En s’émancipant des langages et des formes, les artistes informels chercheraient ainsi à faire éclore le sentiment de ce rapport renouvelé au monde, que célébrait déjà Saint-Jean de la Croix : « Pour toute la beauté / Jamais je ne me perdrai / Mais pour un je-ne-sais-quoi / Qu’on atteint par aventure ».
Le séminaire se tient à l’Université Paris Diderot, salle Pierre Albouy, de 16h à 19h, 5 Rue Thomas Mann (Grands Moulins, Bâtiment C) 75013 Paris, RER/Métro : Bibliothèque François-Mitterrand / Bus : 89, 62, 64, 325.