Rencontres entre écritures ethnographiques et formes artistiques : les mises en scène du divers
Les sciences sociales et en particulier l'anthropologie ont longtemps considéré les moyens dont elles disposent comme suffisants et adéquats pour décrire et traduire les mondes qu'elles exposent. Ces moyens, dans la plus pure tradition, sont l'écriture scientifique et les appareils conceptuels. Or, à chaque fois que nous passons par l'acte d'écriture, en passant du monde de la traduction de l'expérience et du vécu à celui de sa formalisation par le texte, la plupart des chercheurs des sciences sociales ressentent, à un moment ou à un autre, que « quelque chose se perd ». Ce « quelque chose » est, entre autres, la partie sensible de l'expérience et sa dimension relationnelle. L'une et l'autre, bien que faisant partie des piliers nécessaires à toute démarche de connaissance, sont soit laissées de côté, soit restituées dans des récits littéraires souvent talentueux, mais considérés comme une part sinon maudite, du moins marginale par rapport à l'activité de recherche. Ils sont en quelque sorte la marge des récits, que l’on conserve trop fréquemment pour plus tard. Les journées que nous envisageons inaugurent un dialogue expérimental entre sciences sociales et arts s'appuient sur des préoccupations, des propositions de travail et des expériences récentes conduites par les uns et les autres à partir du large thème des altérités. Il ne s'agit pas de faire une « anthropologie de l'art », mais de se demander : que peut l'art pour l'anthropologie et que peut l'anthropologie pour l'art ? Comment l’art et l’anthropologie croisent-ils la question des altérités, des diversités, par des propositions inspirantes et innovantes, ou comment pourraient-ils le faire ?