Diderot. Passion, sexe, raison
Alors que nous commémorons le 300e anniversaire de
la naissance de Denis Diderot, Dominique Lecourt continue aujourd’hui de le relire avec délectation. Le secret de Diderot et de son œuvre est d’avoir pratiqué la philosophie non comme une
discipline universitaire mais comme un art de vivre et de penser.
Diderot ne disserte pas. Il n’ironise guère.
Pugnace contre ses ennemis, il ne cède jamais à la méchanceté. Son humour, en revanche, est profond. Il reflue contre les principes d’adhésion aux valeurs qui structurent sa propre personne et le
rôle qu’elle est appelée à tenir sur la scène du théâtre social. En quoi Diderot, parfois irrévérencieux, souvent emporté, d’un tempérament sanguin, n’est jamais vulgaire.
Un caractère qui fait en définitive l’unité de
cette œuvre, Encyclopédie comprise. Passions, sexe et raison s’y animent mutuellement. Le lecteur est invité à partager avec l’auteur ce bonheur de vivre et de penser qu’il éprouve lui-même à
écrire, écrire sans fin de ce dont il s’est d’abord entretenu avec flamme. Matérialiste ? Rationaliste ? Vitaliste ? Diderot aurait bien ri des travaux universitaires dont il a été
honoré au XXe siècle au terme d’un long purgatoire pour l’essentiel imputable à son athéisme affiché et à son libertinage revendiqué.
Philosophe et éditeur, professeur émérite des universités,
Dominique Lecourt dirige l’Institut Diderot, un think tank dont l’ambition est de favoriser une vision prospective sur les grands thèmes qui préoccupent les sociétés contemporaines. Il a
notamment publié L’Amérique entre la Bible et
Darwin (1992, 3e réed., Puf, 2007),
le Dictionnaire d’histoire et
philosophie des sciences (1999, 4e
rééd., Puf, 2006), couronné par l’Institut de France, Humain post-humain(2003, rééd. Puf, 2011) et le Dictionnaire de la pensée
médicale (Puf, 2004) couronné par
l’Académie des sciences morales et politiques.